Franceculture : Le musée des antiquités du Caire, emblématique vestige occidental de l'Egypte

Marwa Mourad Vendredi 24 Juillet 2020-21:59:30 Par-Ci Par-Là
Franceculture : Le musée des antiquités du Caire, emblématique vestige occidental de l'Egypte
Franceculture : Le musée des antiquités du Caire, emblématique vestige occidental de l'Egypte

Le musée du Caire est le fruit du processus de préservation du patrimoine égyptien, sous la mainmise française, les velléités britanniques, puis l’appropriation nationale. Alors que le projet du Grand Musée Égyptien devrait bientôt se concrétiser, le devenir du musée du Caire est en suspens.
“Pour tous les égyptologues, le musée place Tahrir est un poumon”, déclare avec ferveur Guillemette Andreu-Lanoë, égyptologue et ancienne directrice du département des Antiquités égyptiennes du Louvre. Un poumon qui respire dans un imposant monument de style néoclassique : l'un des plus importants et célèbres établissements au monde entièrement consacré à l'Antiquité égyptienne. Avec quelque 120 000 pièces présentées dans plus de 50 salles. Jusque dans son architecture, ce trésor reflète les dissensions entre Français et Britanniques en Égypte, avant que les Égyptiens ne s'en emparent et ne se lancent dans la construction pharaonique d’un nouveau musée (GEM) sur le plateau de Gizeh.
Les racines du musée égyptien du Caire remontent au mois de décembre 1829, lorsque Jean-François Champollion, déchiffreur des hiéroglyphes et père de l’égyptologie, remet une note à Méhémet Ali, wali d’Égypte de 1805 à 1848, concernant la conservation des monuments de l’Égypte. Il conseille au vice-roi de créer un endroit pour rassembler et conserver toutes les trouvailles des fouilles archéologiques dans son pays. 
C’est seulement six ans après les recommandations de Champollion, en 1835, que le vice-roi décide de les suivre. Il interdit l’exportation “d’objets d’antiquité”, réclame “un lieu dans la capitale pour entreposer les objets trouvés par suite de fouilles” et met en place un service des Antiquités. Chargé d’endiguer le pillage des sites archéologiques, il rassemble des archéologues de plusieurs nationalités, mais reste dirigé, jusqu’au milieu du XXe siècle, par des Français : d’abord par son fondateur Auguste Mariette, puis par Gaston Maspero, Jacques de Morgan ou encore Pierre Lacau. Ce dernier a été l’objet de “toutes sortes de reproches, notamment lors de la découverte du trésor de Toutankhamon par Howard Carter, alors qu’il clamait que ces pièces devaient être conservées en Égypte et non être emmenées dans un musée britannique”, explique Dominique Farout, égyptologue, membre de l’institut Khéops et enseignant à l’école du Louvre. Selon lui, “l’Histoire aime bien plus les voleurs au grand cœur que les gendarmes comme Pierre Lacau”.
 
Les merveilles alors déterrées du sol égyptien sont en premier lieu entreposées dans les jardins au bord de l’étang de l’Ezbékyia, au centre de la capitale, avant d’être transférées à l’ouest de la ville, dans un bâtiment de la Citadelle de Saladin. Mais les archéologues du service des Antiquités sont confrontés à un léger désaccord avec les dirigeants égyptiens, concernant le but de cette démarche. Pour le vice-roi et ses amis, il s’agit bien plus d’un dépôt que d’un lieu de conservation. Le wali pioche allègrement dans la collection pour en offrir à ses hôtes estimés… Jusqu’à ce que le gouverneur Abbas Ier Hilmi offre en 1855 l’intégralité des pièces rassemblées à l’archiduc Maximilien d’Autriche, alors qu’il visitait l’Égypte.

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